Joseph Lazare Siméon Prat

Marin

 

Joseph Lazare Siméon Prat naît le 19 mars 1808 à Solliès-Pont du deuxième mariage de son père, Pierre Victor Marie Prat le 26 nivose an 13 (16 janvier 1805) avec Marie Marguerite Fouque. Pierre Victor Marie Prat exerçait la profession d’orfèvre et Marie Marguerite Fouque était originaire de Solliès-Pont où son père était balancier.

La vie de Joseph Lazare Prat est une vie de marin. En 1830, il s’embarque sur le brick « La Silène » qui, accompagné d’un second vaisseau, « L’Aventure », a pour mission de lutter contre la piraterie et de participer au blocus d’Alger. Les deux navires affrontent une violente tempête, ils font naufrage et les équipages sont faits prisonniers. Plusieurs marins sont décapités et leurs têtes « exposées aux yeux d’une populace effrénée » (lettre du bagne d’Alger, en date du 23 mai 1830, adressée par M. d’Assigny, lieutenant de vaisseau au ministre de la Marine). Les survivants seront libérés quelques mois plus tard par les troupes françaises lors de la prise d’Alger. En reconnaissance, Joseph Lazare Prat déposera en ex-voto ses fers dans la petite chapelle Sainte Anne à Saint-Tropez où une plaque de marbre rappelle : Siméon Prat, apprenti marin, naufragé du brick La Silène, fait prisonnier par les Barbaresques le 14 mai 1830, délivré du bagne d’Alger le 4 juillet, a déposé ici les fers de sa captivité le 4 septembre 1830. Reconnaissant envers sa protectrice.

En 1836, à Tahiti, à l'instigation du missionnaire protestant britannique Pritchard, la reine Pomaré IV fait expulser les religieux catholiques. La France profite de cette vexation pour missionner l'amiral Dupetit-Thouars pour prendre le contrôle de Tahiti où il impose un protectorat ratifié par le conseil d'État en 1843. Le roi Louis-Philippe nomme ensuite le capitaine de vaisseau Armand Joseph Bruat qui débarque avec le matelot Joseph Lazare Siméon Prat devenu entre-temps maréchal des logis de la Garde Municipale de Paris, "Officier judiciaire".

Le 3 avril 1844, Pritchard qui avait fomenté la révolte des tahitiens est expulsé ce qui provoque une grave crise entre le Royaume-Uni et la France. Deux années d'insurrection précèdent la soumission de la reine Pomaré IV et met fin au conflit franco-tahitien, deux années pendant lesquelles il assure les fonctions de commissaire de police de Papeete.

La carrière militaire de notre héros se poursuit dans les honneurs. En mai 1849, il est promu sous-lieutenant de gendarmerie, nommé chevalier de la Légion d’honneur et affecté à Saint Pierre à La Martinique. Le 20 septembre 1854, il est conféré au grade de chevalier de l’ordre de saint Sylvestre et de l’éperon d’or (décoration créée par le pape Grégoire XVI en 1841).

Le 30 décembre 1857, il est nommé capitaine, commandant la compagnie de gendarmerie de Saint Omer (Pas de Calais) où il est admis en retraite.

Rendu à la vie civile, il exerce alors les fonctions de commissaire de surveillance administrative des chemins de fer jusqu’en 1875 et cesse toute activité professionnelle à l'âge de 67 ans.

Il s'éteint le 23 mars 1894 à 86 ans.

On trouve la trace d’une lettre adressée en octobre 1888, par M. Cayet, chef de bureau à la mairie de Toulon, faisant référence à la très haute estime que porte au capitaine Prat l’amiral Dupetit-thouars, préfet maritime, et sollicitant une promotion au titre d’officier de la Légion d’honneur. Cette ultime distinction lui sera toutefois refusée au motif que « le grade de M. Prat ne lui permet pas de le proposer » à cette promotion.

NB. Cette fiche a été rédigée à partir des recherches effectuées par un internaute de Savoie, M. Yves Prat, qui a suivi à plus d’un siècle de distance le même parcours marin et ultramarin que son glorieux homonyme. Qu’il trouve ici l’expression de notre gratitude.