François Joseph Pey

Bienheureux martyr de 1792 béatifié par Pie XI le 17 octobre 1926


Le 18 janvier 1757, Joseph François Pey, médecin à Solliès-Pont, fils de Joseph Pey (1687-1779) qui avait été deux fois maire de Solliès (1749-1768), épousait Marguerite Rose Moutte (1736-1810), elle aussi d'une honorable famille locale. Neuf enfants naquirent de cette union dont quatre seulement arrivèrent à l'âge adulte et aucun ne laissa de descendance.

Nous avons encore dans les archives de Solliès-Pont l'acte de baptême du futur bienheureux François-Joseph Pey, le 29 janvier 1759.

Un de ses frères, Jean-Louis (1767-1837), devint prêtre comme son aîné. Tous deux avaient un oncle paternel, Jean Pey (1720-1797), prête du diocèse de Toulon, d'une brillante intelligence et d'une personnalité remarquée. Il devait jouer un rôle important dans la formation sacerdotale de François-Joseph, son neveu. C'est lui qui décida de l'envoyer d'abord au séminaire d'Aix-en-Provence pour ses études secondaires, à 14 ans, puis à Paris au séminaire St-Sulpice en octobre 1775 à 16 ans. Enfin, en juillet 1779, son oncle, ami du prince Louis de Wurtemberg, archevêque de Trèves, le fit inscrire au séminaire de Trèves où il restera 5 ans. Ordonné prêtre le 10 août 1784 par l'archevêque de Trèves, il retourne immédiatement à Paris. Très cultivé, ayant été affronté aux nouveaux mouvements intellectuels européens, il est le type même du jeune clergé qui désire un changement dans l’Église, spécialement pour sa liberté face au pouvoir.

L'archevêque de Paris lui confia l'aumônerie du collège Sainte-Barbe au Quartier Latin. François-Joseph continua ses études en Sorbonne : assidu au cours d'écriture sainte et d'hébreu, devenant un excellent bibliste. Son oncle n'avait pas les mêmes raisons spirituelles que son neveu. En effet, il y vit une sorte d'appel d'air aux promotions ecclésiastiques. Il intervint auprès du roi Louis XVI pour le faire nommer chanoine de Notre-Dame. Alors qu'il est arrivé à la fin de ses études en Sorbonne, avec le plus haut diplôme signé du recteur de l'Université (16 janvier 1787) le chapitre métropolitain de Paris lui accorde, le 19 mars, l'expectative d'un canonicat vacant. C'est alors que François-Joseph refusa net une telle orientation sacerdotale. Pour lui, la prêtrise n'était pas une carrière, mais un service : service de Dieu, service des âmes. Il appartenait à cette nouvelle génération sacerdotale qui refusait toute ressemblance avec un clergé de cour royale. Bien plus, il voulait rejoindre directement les hommes de son époque pour les évangéliser.

Après avoir refusé le canonicat, il demanda un très modeste vicariat à Paris. Le 15 juillet 1788, il est nommé vicaire à Saint-Landry, une des paroisses populaires de l'ile de la Cité. Il y exerce les modestes fonctions de sacristain et de trésorier. Très aimé de ses confrères parisiens, il est désigné par eux, le 23 avril 1789, comme un des électeurs des députés aux États généraux. Il prit part à la rédaction des "cahiers de doléances". Il était très proche du Tiers État. Au contraire de son oncle, qui émigra à Liège après les événements du 14 juillet 1789, il est ouvert aux idées de son temps. En janvier 1791 se posa à lui, comme tous les prêtres, le problème de la Constitution civile du Clergé.

L'abbé Pey refusa de prêter serment. Il pouvait cependant se croire dispensé par la loi, de le prêter. En effet, le serment n'était exigible que des curés et vicaires des paroisses que la Constitution civile du Clergé avait laissé subsister.

Or, celle de Saint-Landry avait été supprimée. Le caractère énergique du jeune vicaire s'accommodait mal d'un tel passe-droit juridique. Pourtant, son curé prêta le serment. On inscrivit le refus de l'abbé Pey et il figure sur une liste de réfractaires publiée en 1791. Mais sa popularité est telle, que les autorités municipales elles-mêmes, le choississent comme gardien des scellés de l'ex église paroissiale St Landry (20 janvier 1791). Bientôt il va être pris dans les remous des événements. Le 10 août il était arrêté presque que par hasard dans la rue. À la question "Es-tu prêtre non assermenté ?" il avait répondu "non".

On l'arrête et on l'amène à la prison de la mairie, négligeant les formalités de mise sous écrou. Le samedi 1er septembre, à 11 heures du soir, 63 détenus sont chargés par 6 dans des voitures qui les conduisent par le Pont Neuf à l'abbaye de Saint-Germain des Prés. François-Joseph est du nombre. Le témoignage de son cousin Delor est formel : on pouvait le faire évader, mais il ne voulut pas quitter les autres prêtres.
Le 2 septembre à 23h30, il est jugé puis exécuté à coups de sabre et de pique.